Archives / Documents / TEMOIGNAGE DE GEORGES DUBAR pour les Amis de la Résistance ANACR
TEMOIGNAGE DE GEORGES DUBAR pour les Amis de la Résistance ANACR
Mon frère aîné, Joseph Dubar, grand résistant et disparu maintenant, fondateur du réseau « Ali-France », m'avait raconté à la fin des hostilités, un fait important de la guerre, qui s'était déroulé dans le Bordelais.
Lui, qui a convoyé de nombreux évadés, espions politiques et autres, vers le sud de la France pour les remettre à des réseaux préparés pour ces évasions. Ils traversaient les Pyrénées, côté Espagne, par la forêt d'Irati, près de Saint Jean de Luz et regagnaient le Portugal (neutre) vers Setubal, petit port proche de Lisbonne, où ils s'embarquaient pour l'Angleterre.
Vers le milieu de la Guerre , la Résistance Bordelaise avait été avisée que les Allemands stockaient de nombreux verres optiques pour les lunettes, longues vues pour la marine et autres appareils sophistiqués pour l'aviation.
Toutes les usines allemandes et françaises étaient consignées et travaillaient à plein pour les Japonais, leurs alliés, afin de satisfaire leurs grands besoins en ce domaine.
La Résistance bordelaise suivait de très près, les préparatifs d'envoi de ces marchandises qui devaient un jour ou l'autre, partir de Bordeaux pour être livrées au Japon.
Tout se faisait en cachette, dans un black-out complet, un bateau bourré de ces optiques quittait, une nuit sans lune, Bordeaux pour gagner la haute mer où un sous-marin allemand aborderait le bateau, sans pavillon, pour transvaser toutes les marchandises et les conduire directement au Japon.
La résistance avait prévenu « l'Intelligence Service » de ces préparatifs, et les alliés avertis du jour de départ du bateau, avaient prévu d'envoyer un avion pour le bombarder avant le transbordement.
Ce fut une réussite complète, les Allemands estimaient que la perte de ces optiques était plus dommageable que celle de soldats.
Ils étaient furieux, et augmentèrent encore leur pression sur la Résistance.
« Ce fait de guerre est peu connu dans l'Histoire de la Résistance , sauf peut-être dans le Bordelais. »
GEORGES DUBAR