Joseph Dubar, une figure Roubaisienne

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Quelques anecdotes sur Joseph Dubar vécues pendant la guerre raconté par son frère Georges

 

a) Il avait en location à Paris, en 1943 je pense, un petit studio qui lui servait surtout de boîte aux lettres. Est-ce par suite d'une dénonciation ? Trois ou quatre membres de la Gestapo investissent son logement et l'occupent durant 3 jours.

Sans résultat, ils le quittent le 4 ème jour, et pas une heure après leur départ, la concierge voit arriver mon frère. Toute blême, elle lui fait signe de s'enfuir au plus vite, ne sachant pas si l'un d'eux n'était pas resté sur place. Ne l'écoutant pas, mon frère monte dans l'appartement, celui-ci était vide, l'air irrespirable par l'odeur du tabac, et de la bière consommée durant leur séjour.

 


 

b) Une nuit de novembre 1943, pendant la pleine lune, profitant d'un raid de bombardiers alliés sur Saint Nazaire, un petit coucou anglais piloté par une élite de l'aviation, non armé, avait pour mission de venir atterrir sur un terrain proche de Niort (Deux Sèvres). Bien que banalisé par la Résistance, le pilote se pose trop loin du terrain, et s'embourbe dans une prairie marécageuse.

Devant l'impossibilité de décoller vers l'Angleterre, mon frère s'est orienté vers une ferme la plus proche, il a réveillé le paysan qui a bien voulu, avec le concours de 2 bœufs, et d'un câble, essayer de dégager l'appareil.

Nouvel échec, il a fallu se résigner à mettre le feu à l'avion, et fuir rapidement, car cet incendie risquait de donner l'alarme à l'occupant.

Le lendemain, les Allemands arrivent au petit matin, arrêtent, comme prévu ce brave paysan qui sur le conseil de mon frère, avait imaginé de leur dire que c'est sous la contrainte, que deux hommes armés, l'avaient forcé à sortir ses bêtes, en pleine nuit, pour sortir l'appareil de ce bourbier.

Les traces des sabots sur le sol trempé donnaient une vérité irréfutable de cette version, finalement ils le lâchèrent quelques jours après.

L'alarme était lancée, tout le Département des Deux-Sèvres consigné, routes, chemins de fer, la Gestapo avait compris qu'il y avait un grand intérêt à arrêter ces « terroristes ».

Un mois après, à la suivante pleine lune, après apaisement, un autre coucou est venu reprendre, dans un autre endroit, mon frère et le pilote du 1er avion.

Mon frère, tant attendu par l'espionnage anglais, allait donc vivre chez eux de décembre 1943 à mai 1944, pour être posé dans la zone Ouest par un autre coucou, 1 mois avant le grand Débarquement du 6 juin.

 


 

c) Durant les derniers mois de l'Occupation, mon frère allait devoir, en vélo, effectuer tous ses déplacements (plus de train, gares démolies) Bruxelles, Toufflers, la Somme, Paris jusqu'à Orléans et Tours.

Un jour, qu'il remontait vers le Nord, en passant la Somme par la fameuse côte de Doullens, il aperçut un barrage allemand en bas de cette côte. Fait assez rare, une seule sentinelle était de service (c'était pendant l'heure du repas).

L'Allemand assez âgé, et sans doute mobilisé à la dernière heure, fit stopper mon frère lui demanda ses papiers (faux évidemment) examina le colis posé devant son porte-bagages (c'était un poste émetteur assez mal enveloppé dans une toile de jute trop ajourée, d'où on devinait la carcasse en alu). Mon frère est certain que le soldat devinait être en présence d'un « terroriste », avec son matériel émetteur, il n'insista pas, le laissa partir. A son âge, il avait hâte d'en finir avec la cette guerre déjà perdue.

Mon frère a grimpé cette côte raide à une allure surnaturelle, craignant qu'il avait peut-être donné l'alarme à son poste de Commandement.

 

Georges Dubar

 

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