Joseph Dubar, une figure Roubaisienne

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UN RESEAU BELGE DU NORD : ALI-FRANCE

 

Etienne Verhoeyen, chercheur associé au

Centre de Recherches et d'Etudes Historique

de la Seconde Guerre Mondiale (CREHSGM) à

Bruxelles

 

          A l'exception du réseau Zéro-France, aucun des réseaux belges ayant fonctionné en France durant l'occupation 1940-44 n'a fait l'objet d'une étude approfondie (1). Pourtant il en eut cinq, groupant au total environ 4.000 agents belges et français. Ces cinq réseaux de renseignements (Zéro-France, Ali, PCB-PCC, Sabot et DELBO-Phénix) ont compté 1.940 agents français : 401 de la catégorie P2, 981 de la catégorie P1 et 558 occasionnels. On pourrait y ajouter les quelque 400 collaborateurs français de la célèbre filière d'évasion Comète (dont 154 P2) et les 213 agents du réseau Reims – « liquidés » dans le cadre du réseau français Coty – bien que l'origine de Reims fût belge (2). Pour être clair, précisons qu'il faut entendre par « réseau belges de France » les réseaux qui, bien qu'opérant en France, ont été créés par ou dépendaient organiquement de la Sûreté de l'Etat belge à Londres, le service secret du gouvernement belge exilé qui était chargé du maintien des liaisons clandestines avec la Belgique. Puisque les Belges et les militaires alliés désireux de rejoindre la Grande-Bretagne, ainsi que le courrier des réseaux opérant en Belgique même, devaient passer par la France, il était naturel que la Sûreté belge installe en France des relais entre les réseaux de Belgique et ses propres postes en Espagne et au Portugal. Ces relais étaient successivement le réseau Sabot, puis le Poste de Commandement Belge, succédé en 1943 par le Poste Central des Courriers (PCB-PCC).

          La plupart des réseaux belges de France furent dirigés par des Belges. Ce n'est pas le cas du réseau que nous allons étudier de plus près. En effet, Ali-France était presqu'exclusivement composé de Français. Pourtant, il a été d'une importance capitale pour les réseaux de Belgique. C'est ce que nous allons montrer ci-après.

          Les sources dont j'ai pu disposer ne sont pas nombreuses (3). Les services compétents belges ne possèdent que très peu de documents relatifs à ce réseau. Les agents français ont été reconnus Combattant Volontaires FFC, mais la consultation de leurs dossiers 'a pas été autorisée (4). Très peu d'acteurs ou de contemporains sont encore en vie ; certains d'entre eux m'ont apporté une aide précieuse (5).

 

1. Origine

 

          Comme la plupart des réseaux, Ali trouve son origine parmi des gens « du terrain », en premier lieu des Roubaisiens. On considère généralement comme « fondateurs historiques » Joseph Dubar (Jean du Nord ou Jean de Roubaix) et Paul Joly (Caviar). Le réseau dont nous allons traiter est parfois désigné sous le nom de Caviar, mais étant donné que ce nom s'applique d'abord à une personne, nous avons préféré la dénomination Ali-France, bien qu'au sens strict elle ne s'applique qu'à la brève période en 1944 pendant laquelle Dubar a dirigé le réseau après un séjour à Londres. Toutefois, les organismes officiels chargés après la guerre de la liquidation des réseaux ont également utilisé la dénomination Ali-France pour la totalité de l'activité de 1940 à 1944.

          Nés tous les deux en 1899, petits industriels tous les deux, Dubar et Joly ne sont pas des mêmes opinions : Dubar est militant socialiste de longue date, Joly est plutôt orienté à droite. Mais tous les deux sont dès 1940 d'accord pour joindre leurs efforts dans la lutte commune. D'origine flamande par sa mère, Dubar se marie en 1924 avec Laure Hennion, nièce du maire socialiste de Roubaix Jean-Baptiste Lebas. Très doué pour la technique, Dubar s'installe d'abord comme contremaître ébéniste ; en 1937, il ouvre, avec sa femme, un petit atelier de bonneterie. Mobilisé au début de 1940 et affecté dans le Génie, il participe à la destruction des ponts fluviaux de Wasquehal et de Croix (6). Il se démobilise lui-même et devient de suite clandestin. C'est ce que fait aussi Paul Joly, qui a été fait prisonnier à Dunkerque et qui s'évade. A ce moment, les deux hommes ne se connaissent pas encore. Mais ils veulent s'occuper de la même chose : l'aide à des militaires, surtout anglais, cachés dans la région. Nombreux sont les habitants du Nord, surtout dans l'agglomération Lille-Roubaix-Tourcoing, qui se consacrent dès l'été 1940 à ce travail dangereux (7). Encore faut-il évacuer les militaires vers la Grande-Bretagne. Et dans ce domaine comme dans d'autres, les services secrets britanniques en sont encore à la préparation d'une action systématique sur le continent. Toujours est-il qu'on sait assez vite dans le Nord qu'il existe des possibilités à Marseille. Un évadé du camp de Rexpoède, Marcel Delcroix, petit entrepreneur de Wattrelos, a vaguement entendu parler du Fort Saint-Jean près de Marseille vers lequel on pourrait guider les soldats alliés et d'où, paraît-il, il n'est pas difficile de s'évader (8). De plus, depuis l'automne 1940 fonctionne à Marseille une antenne du M.I.9, le service britannique qui s'occupe d'évasions. C'est par Delcroix, qui connaît Charles Dubar, frère de Joseph, depuis avant la guerre, que Joseph Dubar est mis en rapport avec Cécile Hermey, enseignante à Roubaix qui connaît l'anglais. Pendant les vacances de Noël 1940, elle accompagne deux soldats anglais recueillis à Hem jusque Marseille. Là, par un soldat qu'elle a aidé dans le Nord en 1940, elle est mise en rapport avec le capitaine écossais Murchie de l'Intelligence Corps. Celui-ci est à son tour en rapport avec le capitaine Ian Garrow, qui animera bientôt la filière connue sous le nom de Pat O'Leary, et avec le Pasteur Donald Caskie de la Church of Scotland, qui gère, dans la rue Forbin, la Maison anglo-américaine du Marin. Revenu à Roubaix, Cécile Hermey communique immédiatement ce tuyau à Dubar, qui dispose ainsi d'un « débouché » qu'il utilisera jusqu'en juillet 1941 (9).

 

2. Juillet 1940 – juillet 1941

 

          Nous ignorons à peu près tout de l'activité de Dubar et de Joly en 1940. Il est certain qu'ils ont évacué des militaires britanniques mais on ne sait ni combien ni comment. C'est en janvier 1941 que Dubar fait son premier voyage à Marseille, où il rencontrera Murchie. Il y accompagne un officier du Corps Expéditionnaire, le capitaine Napoleon Roderick Brinckman, fait prisonnier à Dunkerque, blessé et évadé de l'hôpital de Malines (Belgique) le 8 novembre 1940. Brinckman est un des premiers candidats à l'évasion qui arrive par une filière qui part de Bruxelles et qui, par Mouscron et Tourcoing, aboutit à Roubaix. Cette filière est créée, en automne 1940 par quelques patriotes belges et français. En juin 1940, pendant l'exode, Fernand Kerkhofs, fonctionnaire du holding belge Brufina et futur fondateur du réseau Zéro, a fait la connaissance d'un industriel du textile du Nord, André Watine, administrateur-délégué de la S.A. La Herseautoise à Herseaux (Belgique). Watine est le neveu par alliance d'un autre industriel du textile, René Lefebvre, qui dirige à Tourcoing la S.A. Tourquennoise du Centre (10). Beaucoup de Muscronnois travaillent à Tourcoing, notamment chez Lefebvre. Il ne leur est pas trop difficile de passer en même temps des « clandestins », qui sont munis de faux papiers à Mouscron. C'est ainsi que Brinckman arrive chez Lefebvre vers le 15 décembre 1940.

          A Bruxelles, deux réseaux naissants s'occupent à cette époque de l'organisation des départs vers la France : ce sont les réseaux Zéro et Martiny-Daumerie (11). Ceux-ci semblent toutefois converger assez vite vers l'équipe Dubar-Joly. Dans le Nord, au moins un lien direct existe entre l'organisation de Lefebvre et celle de Dubar-Joly c'est Albert Lezaire, électricien chez Masurel Frères à Tourcoing et client chez les Dubar depuis avant la guerre (12). Dès fin 1940, le contact direct existe d'ailleurs entre Roubaix et Bruxelles. A partir de janvier 1941, les « colis » peuvent également franchir la frontière à la Festingue, entre Nechin (Belgique) et Toufflers (France). En effet Dubar s'y est assuré du concours de François Vienne, qui exploite un café-tabac sur la frontière. Le passage à la frontière est facilité par des douaniers qui ont été enrôlés depuis fin 1940.

          A partir de Roubaix, l'itinéraire initial est celui qui a été suivi par Dubar lui-même lors de son premier voyage à Marseille. Nous voulons l'illustrer en retraçant le parcours suivi par deux soldats anglais et leur jeune guide, Yves-Jean Henno, fils de militants socialistes. Il s'agit de deux anglais partis de Bruxelles le 10 janvier 1941 après avoir été hébergés à Flobecq (Hainaut) et à différents endroits dans la capitale belge (13). Arrivés à Tourcoing, le 10 janvier au soir, ils sont hébergés par Lezaire jusqu'au 14 janvier. A cette date ; Lezaire remet un des deux Anglais (Wright) a la femme de Dubar, qui l'amène chez son oncle ean Lebas, où il sera hébergé jusqu'au 25 janvier. On attend en effet le retour de Dubar avant d'entreprendre leur évacuation. Le 25, Dubar remet Wright – que Raymond Lebas a muni d'une fausse carte d'identité au nom de Charles Duroc – à Henno, qui a amené le second Anglais (Harry Dando) en gare de Roubaix. Henno reçoit de Dubar tous les renseignements nécessaires pour le passage de la Somme et de la ligne de démarcation. La ligne rouge de la Somme est passée la nuit, en barque, en compagnie de deux hommes, entre Coquerel sur la rive droite (où Dubar peut compter sur la famille Libraire) et Fontaine-sur-Somme sur la rive gauche (où il a recruté la famille Rabouille). C'est de cette dernière famille qui loge les trois hommes (14). De là ils se rendent à Paris, où ils sont hébergés par un oncle de Henno, et le 27 janvier, le trio va en train jusque Bourges. Là, ils descendent et continuent leur route à pied jusqu'au petit village de Morthomier, près de Saint-Florence-sur-Cher, au sud de Bourges, où ils doivent franchir la ligne de démarcation. Pour ce faire, Henno se met en rapport avec Raymond Fortepaule ; cette adresse a été renseignée par Cécile Hermey et Dubar y est passé lors de son premier voyage à Marseille. Fortepaule les dirige vers un café, dans lequel la police allemande arrête, le 27 au soir, neuf candidats au départ, dont Henno et les deux Anglais, et très probablement Fortepaule. Leurs déclarations, et surtout celles de Wright, mèneront, le 21 mai 1941, à l'arrestation de Jean Lebas, de son fils et de l'épouse de Joseph Dubar (15).

          Le passage de Morthomier est abandonné aussitôt, mais Dubar trouvera très vite deux autres points de passage sur la ligne de démarcation qui tiendront longtemps. Le premier se trouve à La Haye-Descartes (Indre-et-Loire), le second à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). A La Haye-Descartes, le passeur est Jean-Paul Maillet, et le logement est offert par Fernande Delobel, qui y exploite « l'hôtel Moderne » (16). Nous verrons plus loin que Dubar a recruté d'autres personnes dans la région de La Haye-Descartes. C'est là qu'il fait la connaissance, début 1941, de Maya Desgranges, speakerine et comédienne (17). Malgré le fait qu'il répugne « travailler » avec des femmes, il accepte ses propositions de collaboration. Par elle, il est présenté à la journaliste Gabrielle Picabia, qui habite le même immeuble, à Paris, que Maya Desgranges (18). Mme Picabia, qui sera connue dans le réseau comme « Mme Pic » ou « la Dame de Pique », introduit Dubar auprès de quelques résistants de Chalon-sur-Saône. Ceci se passe à une époque mal définie dans les sources : parfois il est question de mars 1941, parfois de juillet-août 1941. Nous optons pour la seconde période, étant donné que Dubar et Joly sont chargés à cette époque d'une mission pour laquelle le passage de Chalon-sur-Saône sera capital.

          Parmi les belges évacués par Dubar avent juillet 1941 se trouve le capitaine de réserve Pierre Vandermies. Parti de Bruxelles le 30 janvier 1941 en compagnie de huit autres « colis », il arrive à Roubaix via Tournai et La Festingue, où les douaniers de Toufflers leur facilitent le passage (19). C'est à l'occasion de l'arrivée de ce premier groupe de Belges que Dubar fait la connaissance de Jules Correntin, qui habite Tourcoing, tout près de la frontière (20).

          Si le réseau Dubar-Joly s'occupe, en cette première période, essentiellement d'évasions, la récolte de renseignements n'est cependant pas négligée. Dans la première moitié de 1941, Dubar remet ces renseignements à Murchie à Marseille (21). Parmi les sources connues de ces renseignements, il faut citer un douanier de Toufflers, Georges Marc (22). Celui-ci se déplace beaucoup et est en rapport avec de nombreux « fournisseurs », tant en Belgique (l'instituteur Paul Rose de Pioegstreert) que dans le Nord (dans un rapport fait à Londres fin 1943, Dubar mentionne comme sources de Marc : un chef de gare, un ingénieur des mines, des membres du personnel de plusieurs usines chimiques et un officier de Lille).

          Dès 1940, le réseau en formation dispose très vite de collaborateurs à Roubaix même, dont certains contribueront jusqu'à la libération à la bonne marche d'Ali-France. Dès le début, Dubar a constitué ce qu'il appelle lui-même un « petit état-major ». Celui-ci se réunit au « Café de l'Univers », Grand'Place à Roubaix, et se compose de Dubar lui-même, de Paul Joly, de Marcel Delcroix, de Cécile Hermey, « d'une sage-femme de Wattrelos » - qui est très probablement Jeanne Huyge (23) et du tenancier du café Joseph Verbert (24). Dubar s'entoure également d'amis de l'avant-guerre, qui partagent souvent ses opinions politiques : Charles Berthe, l'archiviste municipal Gabriel Tetaert, Jean Piat et son propre beau-frère Raymond Lebas – ces quatre amis travaillent à la municipalité de Roubaix – et Emile Delattre (25). Il semble qu'il avait des complices à la municipalité de Wattrelos également, mais leurs noms ne sont pas connus. Dès 1940, Dubar collabore également avec le docteur Marcel Guislain, qui aura une longue carrière politique à Roubaix dans la SFIO, et qui fonde en automne 1940 le réseau Action 40 (26). Parmi les amis d'avant-guerre, on peut encore citer le couple Albert Dekoninck-Emma Delobel, les époux Capette, René Guérin, brigadier des douanes à Toufflers, et les époux Lecomte (27). De son côté, Paul Joly s'entoure aussi de ses amis à lui : J. Verbert, les époux Berrodier (les « fleuristes » dont il sera questions plus loin), Suzanne Derache et Mary-Edith Verbaeys (28). Tel est le réseau en formation à Roubaix – nous n'avons pu citer tous, bien entendu – lorsque Vandermies revient dans le Nord en juin 1941.

 

3. Juillet 1941 – juillet 1942

 

          Le 13 juin 1941, Pierre Vandermies est parachuté près de Châteauroux, dans l'Indre. C'est la mission Dewinde (29). Il est chargé, entre autres choses, d'organiser l'évacuation du courrier des réseaux de renseignements belges de sorte que le « Deuxième Bureau français » et les réseaux travaillant avec ces services puisent être contournés. Dès le début de 1941, en effet, des officiers belges résidant dans le Midi de la France se sont présentés aux chefs de réseau belges en leur proposant l'évacuation de leur courrier, qui serait d'abord remis à des officiers du SR militaire français. Londres n'aime pas ce procédé, et semble penser que toute l'armée française penche du côté de Vichy. Quoiqu'il en soit, Vandermies doit mettre de l'ordre dans les affaires. A cet effet, il fait appel au « centre de Roubaix ». Désormais, Dubar, Joly et leurs collaborateurs travailleront uniquement pour les services belges à Londres, et le réseau dépendra organiquement de la Sûreté de l'Etat. Vandermies prend contact avec Joly d'abord (Dubar s'est mis « au vert » suite à l'arrestation de sa femme, car sa tête est mise à prix) et, à Lyon, avec le belge Georges Oreel, secrétaire du consulat belge dans cette ville (30).

          Il est convenu de suivre le chemin suivant : le courrier sera transporté de Roubaix à Lyon en passant par Paris et Chalon-sur-Saône. De Lyon, il passera soit à la valise diplomatique des USA (jusque fin 1941), soit à Montpellier, où la Sûreté disposera à partir d'octobre 1941 d'un délégué permanent en la personne de Pierre Bouriez (Sabot), qui se rendra quasi toutes les semaines à Lyon (31). A partir de fin 1941, le courrier est également évacué via La Haye Descartes, mais c'est le relais de Chalon-sur-Saône qui restera le plus important jusque juillet 1943. Arrêtons-nous y un instant.

          C'est donc par Mme Picabia que Dubar est introduit à Chalon. Elle lui a donné les adresses d'André Jarrot à Lux et de Louis Durand à Chalon même. A partir de 1940, André Jarrot (32), Camille Chevalier (33) et Auguste Laurin (34) s'y occupent du passage clandestin de la ligne de démarcation pour des prisonniers de guerre français évadés. Jarrot en accompagne même jusque Lyon. Ce travail est fait en collaboration avec Louis Gaudillère, qui habite le moulin de Saint-Rémy (35). Tous seront incorporés dans Ali-France. Le courrier est déposé soit chez Louis Durand, soit chez Jean Loriot, mécanicien SNCF, dont la femme exploite le bar ATT à Chalon, par Mme Picabia qui fera ce transport presque chaque semaine jusqu'en juillet 1942. L'évacuation du courrier jusque Lyon (ou parfois Mâcon) est faite à tour de rôle par Laurin ou Jarrot. En juillet 1942, Mme Picabia doit cesser de travailler pour Ali-France. Ce sera Laurin qui ira chercher le courrier à Paris, relayé bientôt par deux employés des ponts et chaussées de Chalon : Jacques Pessaud et Marcel Orset (36). Ce système fonctionne bien : le courrier quitte Bruxelles le samedi et est à Lyon le mercredi.

          Au début de cette phase d'activité, le réseau Ali ne transporte que le courrier du réseau Zéro, avec lequel il entretiendra toujours des relations privilégiées. Fin 1941 s'y ajoute le courrier d'autres réseaux belges (Bravery) et, à partir de juin 1942, celui du réseau Boucle (37). Plus tard, Ali transportera aussi le courrier de Zio, et pendant quelques semaines, en 1943, celui du réseau Marc. A ma connaissance, le courrier du célèbre réseau Clarence ne transitera jamais via Ali, bien que de mai 1942 à janvier 1943, le courrier de ce réseau passe également par Chalon-sur-Saône, amené par un agent du réseau (38). C'est dire toute l'importance du relais de chalon.

          Il va de soi que l'évacuation du courrier coûte de l'argent. De plus, certains collaborateurs du réseau (dont Dubar lui-même) vivent dans la clandestinité et sont donc sans revenus. Dans son premier rapport, Vandermies estime « qu'il faudrait couvrir leurs frais, car leur désintéressement les mène à la ruine (39). Dès lors, il décide d'allouer à Dubar une indemnité mensuelle de 2.000 francs belges en dehors de ses frais. Ce financement sera fait par Bouriez, qui sera alimenté en fonds par la Sûreté de l'Etat via son poste à Lisbonne. Bouriez rapporte début 1942 que les frais mensuels pour l'évacuation du courrier s'élèvent au minimum à 8.000 francs belges : 4.000 pour 4 voyages, 2.000 pour Dubar et 2.000 pour Oreel et un des collaborateurs à Lyon (40). Les frais de transport représentent surtout les frais de train entre Roubaix et Chalon-sur-Saône. De Roubaix à Paris, ce sont généralement des agents de la SNCF (dont l'identité n'est pas connus) qui prennent le courrier avec eux lors de leurs déplacements. En mars 1942, le réseau reçoit une avance de 100.000 FB, emportés par un agent parachuté (41).

          Vandermies confie encore une autre mission aux deux Roubaisiens : celle de former un « centre d'accueil » pour agents parachutés, destinés aux réseaux belges tant en Belgique qu'en France. A partir de la seconde moitié de 1941, la Royal Air Force larguera en effet systématiquement ces agents au-dessus du Nord de la France, sans doute parce que la densité de la population et celle des batteries anti-aériennes en Belgique même augmentent les risques d'une telle opération. Il est convenu que les parachutés (les « poulets » dans le jargon de l'époque) se présenteront au « Café de l'Univers », muni d'un mot de passe et d'un billet portant la signature de Vandermies (42). Entre octobre 1941 et janvier 1943, pratiquement tous les agents parachutés pour les réseaux de renseignements belges passeront par Roubaix, et tous – exception faite pour une équipe (43) – seront accueillis soit à « l'Univers », soit, plus tard, par les fleuristes Marius et Marie Berrodier, rue de la Gare à Roubaix (44). Tous sont munis de faux papiers à Roubaix. Dubar, Joly ou un de leurs collaborateurs les font franchir la frontière franco-belge (s'ils doivent fonctionner en Belgique) ou les acheminent en zone non occupée. Ils vont également chercher leur matériel, que les agents cachent après le saut, et cette recherche les mène parfois dans des endroits curieux (des caveaux vides dans les cimetières, par exemple).

 

4. Juillet 1942 – décembre 1943

 

          A partir du printemps 1942, une certaine brouille s'installe entre Dubar et Joly. Le premier reproche au second « une imprudence dangereuse », à tel point que Dubar préfère recevoir les « colis » venant de Belgique à Lille plutôt qu'à Roubaix (45). Cette imprudence se manifeste, selon Dubar, par l'introduction à « l'Univers » par Joly d'un personnage plus que douteux (46).

          C'est une intervention de Londres qui mènera à la séparation des activités des deux hommes. Déjà en mars 1942, l'agent René Bruaux avait emporté de Londres l'instruction, destinée à Joly et à Dubar, de créer un réseau axé spécifiquement sur le renseignement. Ce réseau verra le jour en juillet 1942, suite au parachutage de Gérard Kaisin le 24 juin 1942 (47). Il fonctionnera sous le nom de Zéro-France et prendra ses premiers départs avec Joly et une trentaine de ses collaborateurs, dont J. Verbert, les Berrodier, Suzanne Derache et Geneviève Liébert. Dubar, quant à lui, continuera le travail auquel il est habitué. Ali-France évacuera aussi le courrier de Zéro-France, du nouveau réseau Delbo (48) et, pendant quelques mois, d'un sous-réseau de Sabot qui travaille sous le nom de Delpa.

          Dans le domaine de l'évacuation du courrier, les dirigeants des réseaux belges de France font appel à Dubar pour trouver une solution au problème créé par l'arrestation de Bouriez en janvier 1943. En effet, cette arrestation menace l'envoi du courrier vers l'Espagne. A la demande de William Ugeux, qui dirige à ce moment le poste de Commandement Belge (PCB), Dubar se rend à Urrugne en Espagne pour chercher de nouveaux « débouchés ». En cours de route, il reprend contact avec un ami d'avant-guerre, installé à Toulouse depuis l'été de 1940, Fernand Duquesne. Celui-ci et sa femme, appelée affectueusement « mimi », ont déjà rendu service à Bouriez en hébergeant son radio Albert Deweer. Mme Duquesne assurera pendant quelque temps l'évacuation du courrier de Toulouse jusqu'en Espagne (49).

          Dans une certaine mesure, le réseau s'occupe en 1943 également de la récolte de renseignements militaires, qui s'avèrent parfois d'une grande valeur. Ainsi, René Fonson, ami de longue date de Dubar, se fait embaucher, sur ordre, en juin 1943, comme manœuvre sur l'ouvrage d'Eperlecques, où les Allemands construisent les rampes de lancement de bombes V2. Pendant trois mois, Fonson fournit des données précises et des photos, qui seront transmis via Zéro-France et mèneront au bombardement d'Eperlecques le 27 août 1943 (50).

          Et le réseau Ali continue, bien entendu, le « service colis », c'est-à-dire l'évacuation de personnes. En cette période, il s'agit surtout d'agents brûlés des réseaux en Belgique. Dans ce domaine, un grave incident se produit en avril 1943. Le jeune Belge Arnaud Fraiteur, membre des Partisans, doit être évacué d'urgence. Il a abattu à Bruxelles, le 14 avril 1943, le journaliste Paul Colin, une des figures les plus marquantes de la collaboration intellectuelle. Fraiteur, issu d'un milieu libéral, est en rapport avec une collaboratrice de Zéro. C'est ce réseau qui assurera le départ de Fraiteur de Bruxelles. Il est prévu que Fraiteur, conduit par un agent de Zéro, franchira la frontière à Templeuve, où il sera reçu par Raymonde Marc, qui est l'adjointe de Dubar. Mais, suite à une manœuvre habile, la police allemande, aidée par un traître belge, a eu vent du projet. On devine la suite : Fraiteur, son guide et Raymonde Marc sont arrêtés à la frontière le 29 avril 1943 (51). Moins d'un mois plus tard, la Geheime Feldpolizei frappera une fois de plus dans l'entourage de Dubar en arrêtant, le 26 mai 1943, ses amis Capette. Le 21 juillet 1943, c'est le tour aux époux Berrodier et à Paul Joly, dans des circonstances mal éclaircies.

          A la suite de ces événements tragiques, Dubar (qui avait déjà changé de pseudonyme fin 1942) change son nom de guerre : Simon au lieu de Jean-Robert. Londres, averti des incidents survenus à Roubaix, demande en août 1943 à Dubar de rejoindre la capitale britannique. Il y réagit avec des sentiments mixtes : « si c'est uniquement pour ma sécurité que vous m'appelez chez vous, j'estime ne pas pouvoir accepter. (…) Je ne suis pas inconscient des dangers qui m'entourent ». Il n'accepterait que si Londres l'appelle « pour me donner des instructions spéciales et me ramener ensuite » (53).

          Il ne partira qu'en décembre 1943, non sans avoir indiqué dans quel sens pourraient aller les instructions qu'il recevait éventuellement en Grande-Bretagne. En juin et juillet 1943, il envoie à Londres des rapports signalant des terrains sur lesquels des agents pourraient être reçus au sol (54). Le départ de Dubar était prévu pour la lune de novembre, mais il n'a lieu que le 17 décembre 1943. A cette date, un avion Lysander dépose l'agent François De Kinder (Xavier) chargé d'une mission ultra-confidentielle auprès du roi Léopold III. Dubar quitte la France dans le même avion. Cette opération de pick-up, au cours de laquelle du courrier part également, est réalisée à Assais (Deux-Sèvres) par une équipe du réseau franco-belge Phénix.

          Pendant l'absence de Dubar, le réseau fonctionne normalement, ce qui prouve qu'il a laissé en place un organisme bien huilé. Son frère Charles, comptable à Wattrelos, jouera un rôle dans l'ombre pendant cette période. Le courrier des réseaux belges passe la frontière à La Festingue chez François Vienne, où l'épouse de Georges Marc l'enlève (55). Elle le dépose à « la crèche » à Roubaix (56) ou le remet directement à une Roubaisienne (Jeannette ; il n'a pas été possible de l'identifier) qui l'amène à Paris, d'où il part vers le Midi. Entre fin 1943 et mai 1944, cette ligne fait partie intégrante du système du Poste Central des Courriers (PCC), qui est la plaque tournante (à Paris, puis à Niort) entre les réseaux belges et l'Espagne.

 

5. Mai – septembre 1944

 

          En Grande-Bretagne, J. Dubar reçoit en effet une formation spécialisée qui doit permettre, à lui et à celui qui sera son opérateur radio, de réaliser deux sortes d'opérations aériennes : le pick-up (débarquement et embarquement d'agents par avion Lysander) et le mail pick-up (MPU ou ramassage du courrier au vol par un avion du même type). Dubar et son opérateur, René Bruaux (Elton, Roger) sont déposés eux-mêmes par un Lysander dans la nuit du 8 au 9 mai 1944 aux environs d'Angers. Ils sont reçus par des agents d'un réseau de renseignements français qu'il n'a pas été possible d'identifier (57). Dubar est porteur d'une fausse carte d'identité française au nom de Jean Ballois (il la possède depuis août 1940 déjà) et d'une somme d'argent considérable : 10.000 dollars USA et 215.000 FF pour son propre réseau (qui reçoit maintenant définitivement le nom d'Ali), 14.000 dollars pour le PCC et 10.000 dollars pour Zéro-France, en plus de ses fonds personnels. Il dispose d'un code pour son courrier basé sur « Caractères et confidences » de Maurice Martin du Gard (58).

          Son radio, René Bruaux, n'est pas non plus un néophyte du travail clandestin. Né à Monceau-sur-Sambre (Hainaut, Belgique) le 16 mai 1909, il a été parachuté une première fois le 3 mars 1942. Jusqu'en mai de cette année, il a écoulé le trafic radio pour Zéro et ensuite, jusqu'en février 1943, une partie du trafic du PCB d'Ugeux avec lequel il part pour la Grande Bretagne en mars 1943.

          Dubar et Bruaux arrivent le 10 mai 1944 à La Haye Descartes (Hôtel Moderne). Dubar installe son compagnon chez le fermier Rémy Chabot à Buxeuil (Vienne). Jusque fin juin, il y procède a de nombreuses émissions ; parfois, il émet aussi chez un autre cultivateur de la même localité, Raymond Leblanc (59). En tout, jusqu'au 29 août 1944, Bruaux enverra 69 télégrammes ; le premier part le 24 mai (60). Bruaux organise, seul (car Dubar est remonté dans le Nord) mais assisté de ses amis fermiers, la première opération aérienne : le parachutage de deux agents, le 28 mai 1944, sur un terrain situé a 3 kilomètres à l'ouest de La Haye Descartes (61). Ces agents sont André Laloux (Trube) et Raymond Wynen (Lisle), destinés respectivement au PCC et à Zéro-France.

          Entre temps, Dubar prend contact avec son frère Charles à Roubaix, avec Zéro-France et, à Bruxelles, avec les réseau Zéro et Boucle, pour lesquels il doit organiser un nouvel axe d'évacuation de courrier, parallèle à celui qui existe déjà vers le PCC, dirigé a cette époque par Jean Fosty (Raoul). Etant donné que jusque là, le PCC a en quelque sorte supervisé l'activité des réseaux belges et a, de toutes façons, reçu leur courrier, Fosty se formalise par la mission confiée à Dubar, dont il ignore d'ailleurs tout jusqu'à son premier contact avec Ali (62). L'évacuation du courrier Bruxelles-Paris fonctionne depuis le 12 juin, mais Dubar éprouve de grandes difficultés d'en organiser le prolongement jusqu'en Touraine en vue du mail pick-up. Ces difficultés sont dues aux suites du débarquement en Normandie et aux bombardements. A noter, pour la petite histoire, que Dubar est obligé de faire la plupart de ses déplacements en vélo, parfois même de Tours à Bruxelles ! (63).

          La première opération du MPU du réseau Ali a lieu dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 sur un terrain repéré par Bruaux a Athée-sur-Cher en Indre-et-Loire, ou il peut compter sur l'aide du cultivateur Maurice Froger (64). Pour une telle opération, un contact radio quasi journalier est nécessaire, car une opération peut-être annulée en dernière minute à cause du mauvais temps (c'est le cas le 9 juin, précisément). L'avantage du système, du point de vue de la rapidité avec laquelle le courrier arrive a Londres, saute aux yeux. Par MPU, le courrier y est le jour même, alors que la transmission par la voie terrestre (Bruxelles-Lisbonne) demande en moyenne 6 à 8 semaines. Par le MPU du 8 juillet, pas moins de 10.380 pellicules partent à Londres (65). Il s'agit de courriers de onze réseaux différents, datant tous de mai. Ils ne sont pas très actuels, mais sont restés en souffrance en France, e.a. en raison du blocage des lignes vers l'Espagne (ce blocus sera levé partiellement en juin). Bruaux réussit son second MPU dans la nuit du 4 au 5 août 1944 : 1.641 pellicules, représentant le courrier de six réseaux belges, partent d'Athée-sur-Cher.

          En août 1944, l'activité va s'intensifier. La nuit du 5 au 6 août, Dubar, Bruaux et leurs auxiliaires reçoivent deux agents belges (66), et le 6 août, Dubar repart à Tours pour y contacter l'agent Constantin chez Marguerite Pajeot, mais il s'avère que celle-ci est arrêtée (67). A l'origine, deux MPU par lune sont prévues, mais ce plan ne se réalise pas : un MPU est annulé le 12 juillet, et Londres n'en demande pas de deuxième en août.

 

6. Profil des agents

 

          En nous basant sur les propositions d'octroi de distinctions honorifiques introduites par Dubar auprès des autorités belges lors de la liquidation du réseau, nous avons pu identifier 104 des 130 agents réclamés par Dubar (68). Les éléments retrouvés sont incomplets, mais ils permettent quand même de dresser un profil social partiel des agents de collaborateurs d'Ali-France (nous n'y incluons pas les deux fondateurs historiques, J. Dubar et P. Joly).

 

          - sexe : sur les 104 agents identifiés, 43 sont des femmes (41.3%). C'est un pourcentage très élevé en comparaison avec celui des femmes actives dans les réseaux belges (69). Il est d'autant plus frappant, quand on sait que Dubar n'aimait pas que les femmes « travaillent » (70). S'il est vrai que le rôle de la plupart de ces femmes se rapproche de ce qu'il est convenu d'appeler « l'intendance » d'un réseau (logeuse, convoyeuse), il faut remarquer que certaines femmes ont tenu un rôle plus important. C'est le cas de Raymonde Marc, qui est devenue l'adjointe de Dubar, et de Mme Picabia, pour ne citer que ces quelques exemples. Plusieurs agents féminins ont exercé leur activité avec leur conjoint, et ont parfois été arrêtées en même temps que lui.

 

          - âge : tous les âges sont représentés (les plus jeunes sont nés en 1923), mais le nombre élevé de personnes née avant 1900 et ayant par conséquent une expérience personnelle de la première guerre mondiale est très frappant : c'est le cas pour 42 sur les 95 agents (45%) dont nous connaissons la date de naissance. Un tiers de ceux-ci sont des femmes.

 

          - profession : des 63 agents dont nous connaissons la profession au moment de leur activité, 16 sont des indépendants (la plupart de petits industriels et surtout petits indépendants), 12 sont des employés, 7 sont douaniers, 6 sont mécaniciens, 4 sont cultivateurs, 3 exercent une profession libérale. Nous retrouvons également 3 enseignants, 2 ingénieurs, 2 journalistes, 3 infirmières, 2 couturières, 2 ouvriers-électriciens et une religieuse. D'une manière générale, les agents du réseau sont de condition relativement modeste, parfois très modeste. C'est ce qui frappa Vandermies lors de se ‘tournée d'inspection » de fin 1942. A propos du Nord, il rapporta : « La difficulté réside ici dans le fait que l'on trouve très peu d'aide parmi les intellectuels, qui sont certes anti-allemands, mais peu pro-anglais et surtout peu actifs, sauf en paroles » (71).

 

          - répartition géographique : étant donné que le réseau trouve son origine à Roubaix, il n'est pas étonnant que plus de la moitié des agents sont domiciliés dans la grande agglomération Roubaix-Lille-Tourcoing, dont 35 a Roubaix même. Douze autres agents sont domiciliés a Toufflers, 10 en Touraine, 11 a Chalon-sur-Saône, 4 dans la Somme, 3 a Paris.

 

          - année de recrutement : nous avons retrouvé la date d'affiliation approximative de 74 agents. Parmi ceux-ci, 30 ont été recrutés en 1940, 27 en 1941, 11 en 1942, 1 en 1943, 5 en 1944. C'est dire qu'il ne s'agit en aucun cas d'un réseau composé surtout de « résistants de la dernière heure ». Ce pourcentage élevé des recrutements précoces s'explique sans doute en partie par le fait que Dubar et Joly, ayant commencé leur action dès l'été 1940, se sont entourés dès le début surtout de personnes qu'ils connaissaient depuis avant la guerre (nous en avons dénombré 17 pour Dubar seul).

 

          - arrestation / déportation : au moins 27 des 104 agents identifiés ont été arrêtés pour des raisons liées directement a leur activité dans Ali-France ou dans des réseaux apparentés. Quinze d'entre eux sont décédés en Allemagne (les époux Berrodier, Louise Groscoult et son fils Pierre Couffon, Robert Hanicotte, Yves Henno, Laure Hennion, Jean Lebas et son fils Raymond, René Lefebvre, Albert Lezaire, Georges Marc, Jacques Passaud et Marguerite Pajeot). Quatre autres agents ont été exécutés : Camille Chevalier, Marcel Duhayon, Robert Deleval et Marcel Delcroix (72). S'il n'est pas certain que Chevalier fut arrêté pour ses activités dans Ali-France, il est établi que Duhayon, Delaval et Delcroix l'ont été pour d'autres faits de résistance (Duhayon pour sa participation au réseau « Pat O'Leary », Delcroix et Delaval a cause de leur activité dans Action 40, dans La Voix de la Nation et de leurs contacts avec un groupe de résistants belge pénétré par le contre-espionnage allemand.

 

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          S'il faut faire un bilan des réalisations d'Ali-France, qui était somme toute un « petit » réseau, les chiffres sont impressionnants. Selon les services officiels belges, le réseau a évacué (ou contribué à l'évacuation d' » une centaine de Britanniques en 1940-41 et environ 700 belges durant toute l'occupation. En deux ans, il a transmis 104 courriers hebdomadaires d'importants réseaux de renseignements belges. Le « centre d'accueil » de Roubaix a reçu 21 agents belges parachutés ; il a assuré leur « dispatching » vers la Belgique ou la France non occupée sans perte. De plus, le réseau a organisé deux opérations de mail pick-up en 1944. Si Ali-France n'avait pas existé – rappelons qu'il a été créé spontanément sur le terrain – la Sûreté de l'Etat aurait elle-même dû l'inventer.

 

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