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Le document étant de mauvaise qualité, il se peut qu'il y est des fautes dans les noms de familles.
RAPPORT JEAN DE ROUBAIX
En janvier 1941, PAUL et moi avons commencé à travailler pour le service NEGUS. Nous avons reçu le premier groupe d'aviateurs le 30/1/41. Le contact avait été pris par l'intermédiaire de ma femme et de « l'homme au Capuchon ». De ce premier groupe faisait partie : Le Colonel VAN DYCK, le Major GUILLAUME, le Capitaine VANDERIES, GAZON et d'autres personnes.
Je les ai évacués par la ligne que j'avais montée pour les Anglais jusque Marseille.
Je leur ai fait prendre contact avec la maison du marin, rue Forbin à Marseille.
En principe je n'évacuais les gens que jusqu'à la France libre. Entre ce premier groupe et le retour de DEWINDE, j'ai passé encore plusieurs groupes de Belges, tout ceci se faisait en collaboration avec PAUL.
J'ai revu DEWINDE (VERDERMIES) en juillet 1941. Il m'a demandé ainsi qu'à PAUL de m'occuper de l'évacuation du courrier depuis Bruxelles jusqu'à la ligne de démarcation. Il nous a d'abord mis en contact avec ??? (document illisible) et depuis lors nous avons travaillé entièrement pour le service ZERO. PIERRE a également présenté PAUL au NEGUS (Le NEGUS devait connaître PAUL avant cela).
A ce moment PAUL et moi travaillions sans autres collaborateurs, ma femme ayant été arrêtée en mai 1941.
Ma femme a été accusée de s'occuper de l'évacuation d'Anglais et complicité avec moi, car les Allemands savaient que je voyais à Marseille le Capitaine MURSCHLE (nom pas sûr).
Elle a d'abord été détenue à la prison de Loos, ensuite à St Gilles (Bruxelles) et transférée de là en Allemagne pour y être jugée. En même temps que mon oncle, Jean-Baptiste LEBAS (Maire de Roubaix) et mon cousin RAYMOND, inculpé dans la même affaire. Je n'ai jamais eu de nouvelles directes de ma femme ni de mes parents. Le dernier mot écrit de ma femme à sa mère datait d'avril 1942 et venait d'Allemagne, et elle écrivait « je dois vous avertir que je ne peux plus écrire ni recevoir des colis ».
PAUL a eu comme collaborateur MARCEL, qui a été arrêté en mai 1942 pour une organisation de corps franc. MARCEL travaillait également pour le 2 e Bureau fr.
J'ai été par la suite mis en rapport successivement avec tous les chefs de ZERO.
DEWINDE, nous a demandé également de recevoir et d'aider les parachutistes. Nous les aidons notamment en leur faisant de faux papiers, en allant rechercher leur matériel, en leur faisant passer la frontière ainsi qu'à leurs bagages. Ces bagages étaient remis en général à la buvette de la gare de Tournai chez Louise.
Mon premier parachuté contacté est arrivé en octobre 41 et j'étais mis en rapport avec lui sur les instructions de SPEED & DE SARET vers novembre. Il se trouvait en ce moment à Bruxelles et sans contact avec les services.
J'ai été recherché son appareil qu'il avait caché sur le terrain et après de nombreux jours de recherche j'ai pu finalement le trouver et le lui apporter. Ce parachuté était relieur de son métier et demeurait entre la rue Joseph II et la Place St Josse.
Un mois après il n'avait pas encore pris contact avec Londres et semblait plus désirer s'occuper de ses affaires que du service.
En janvier ou février 1942, je l'ai présenté à WALTER après avoir mis ce dernier au courant de la situation. Il a été arrêté par la suite, mais sens son appareil et pour un tout autre motif semble-t-il. J'ai pu reprendre chez lui son appareil que j'ai passé à WALTER.
Voici les noms de quelques personnes qui m'ont particulièrement aidées :
Mr & Mme MARCHANDISE à CREOY (Soissons) m'ont aidé pour les parachutés en fournissant des gîtes.
Mme RABOUILLE à Fontaine-sur-Cher, m'aidait avec grand désintéressement au passage des hommes.
Mme LIBRAIRE et sa fille, dans le village voisin sur l'autre rive de la Cher m'aidaient également avec grand dévouement. Sa fille s'est noyée en barquette lors d'un passage.
Les frères PELLETIER, éclusiers à Pont-Remy (Abbeville) m'aidaient également au passage (NICODEME est passé par là).
La propriétaire de l'Hôtel Moderne, Mme MANGEOT, à la Haye-des-Cartes, hébergeait les gens et protégeait mon activité.
MALLET à la Haye-des-Cartes, ainsi que sa fille faisaient passer des gens pour moi, mais lui se faisait payer.
A côté de St Marcel (Châlon) un certain DEDE (doit avoir été renseigné par Mme PIC) est le premier qui ai fait pour moi le transport du courrier. Il a accepté les risques en connaissance de cause et il le transporta quelquefois jusqu'à Lyon chez GEORGES. D'autres fois on venait chercher le courrier chez lui.
A ma demande il a cherché une doublure et c'est ainsi qu'il m'a procuré ROLAND qui passait le courrier par chemin de fer et le remettait à Lyon. Roland était rétribué mais uniquement pour les heures de travail perdues. Je n'ai qu'à ne louer des services qu'il a rendus. Sa femme et sa fille ont été arrêtées mais ont été relâchées.
Son ami Jean BORIOT, cheminot était excessivement dévoué et nous hébergeait, il était tout à fait désintéressé et admirable. Il a été arrêté, mais relâché par la suite.
Mr & Mme DURANT, 25 rue Pasteur à Châlon, nous servaient de boite aux lettres. Ces personnes étaient tout à fait accueillantes et désintéressées.
J'ai connu également CHEVALIER, garagiste à Châlon, par l'intermédiaire de DEDE. CHEVALIER s'occupait du passage des prisonniers français évadés. Je lui ai demandé de surveiller le passage des colis que je confiais à différents passeurs. (LE BAR A T T) été … Il travaillait tout à fait d'une manière désintéressé, il a malheureusement été arrêté et fusillé.
Mme PICARTE pourra donner des renseignements plus détaillés sur son arrestation. Il laisse une veuve sans enfant.
SABOT avait demandé à CHEVALIER de me fournir des renseignements militaires mais celui-ci a refusé étant donné son activité dans les services de passage et qu'il s'occupait également d'organisation paramilitaire.
Mr GAUDILLER, meunier à la ligne de démarcation (St Martin) nous a rendu également des services désintéressés, il a aussi été arrêté un moment.
DEDE étant occupé avec un aviateur français, (MONTET) revenu de Londres, ROLAND a repris l'évacuation du courrier, et ce dernier a pris comme doublure MICHEL.
MICHEL était publiciste avant la guerre, et était employé aux Ponts et Chaussées. Il avait comme grand ami et collaborateur un ingénieur des Ponts et Chaussées HENRI.
HENRI passait souvent le courrier dans sa voiture qui avait un réservoir truqué et avait grâce à ses fonctions, les documents en règle pour passer la ligne.
MICHEL m'a présenté LITHOS, susceptible de faire un agent de renseignement. Je l'ai employé en mars 1943, je l'ai présenté à DELBO qui l'employait. Il était particulièrement au courant de la région entre DIJON & BELFORT par suite de ses fonctions. Il avait beaucoup de personnel sous ses ordres. Je n'ai pas pu le passer à ZERO France étant donné que ces régions s'écartaient du domaine de ce service.
Au service ZERO France j'étais en contact avec ALEX que je voyais hebdomadairement. ALEX est arrivé en juin 1942 et a organisé le service ZERO France avec le concours de PAUL et le mien. Je lui ai fourni des agents de ROUBAIX et environs. ALEX a trouvé probablement par LOUIS les agents pour le service de la cause.
J'avais un contact tous les 15 jours avec DELBO. A la demande de WALTER, j'ai rendus à DELBO tous les services possibles. J'ai mis DELBO en contact avec RAYMONDE (Raymonde était Roubaisienne) et celle-ci a du lui rendre beaucoup de services, ainsi que KATIA (MAYA).
Le P.C.C. a été remis à LAURENT par WALTER et MICHEL & HENRI, ont travaillé pour ce service en faisant le courrier entre Paris et Lyon. LITHOS a également fait du courrier pour LAURENT jusqu'au moment de son arrestation. Celle-ci a été provoquée par l'arrestation de RAYMOND & D'ANTOINE.
Il semblerait que les adresses remises par RAYMOND à VIOLAINE pour les coder ont été trouvées chez ANTOINE par la Gestapo.
DELBO aurait sauté parce que la Gestapo a été chez SIFREDY ou elle aurait trouvé l'adresse de DELBO.
L'adresse de SIFREDY a certainement été trouvés dans la liste d'adresses chez ANTOINE. Toutes ces adresses auraient été codées par VIOLAINE (déclaration par VIOLAINE).
Dans cette liste d'adresses il y en avait également une de Roubaix Mr Floris CAPETTE, qui me servait de boîte aux lettres et ou la Gestapo s'est présentée et a arrêté cette personne. Il y en avait une autre de Croix (De Roubaix) Mr DUQUESNE, mais la Gestapo n'y a trouvée personne.
RAYMOND a manqué à sa parole en donnant ces adresses à VIOLAINE. Un de nos agents GILBERT a été arrêté en voulant franchir les Pyrénées vers Irun. Il a été conduit à la prison de Frênes d'où il a pu faire parvenir un mot à ses amis de Bruxelles les prévenant qu'il devait passer au camp de Compiègne et de là être évacué en Allemagne comme travailleur. Il semblerait que son activité clandestine était ignorée.
Après l'arrestation de LAURENT, le P.C.C. a été remonté par ALAIN et le courrier a pu continuer par CHARLES en attendant l'arrivée d'ALAIN à Paris.
J'ai également reçu TAYLOR qui avait comme mission d'organiser les pic-up et avec qui j'avais d'excellents rapports et dont j'ai pu admirer le bon travail ainsi que celui de son adjoint.
A l'heure actuelle les radios ne doivent plus émettre lorsqu'ils se trouvent sur le terrain, ils doivent simplement recevoir et de ce fait les dangers de repérages sont nuls. Pour les pic-up, il faut faire entière confiance à TAYLOR et lui laisser entière liberté.
A la suite du départ de DELBO, TAYLOR a reçu LOUIS qui l'aidait et recrutait le personnel nécessaire à la défense du terrain.
REMARQUES, (au sujet des envois en P.O.) Il vaut mieux lâcher par containers des colis ou des choses très importantes parce qu'il y a moins de danger que les Allemands ne fassent des recherches sur le terrain ou dans les alentours, surtout quand il y a un certain volume. Il faut noter qu'il n'y a pas assez de place dans l'auto qui vient sur le terrain de l'atterrissage pour prendre outre des hommes, des colis volumineux.
Je dois signaler comme ayant rendu particulièrement des services le personnel de la Mairie de Roubaix. Mon frère pourra donner les noms et indications pour identifier ces personnes. Egalement le personnel de la Mairie de WATRELOS et Croix-Wasquehal (Wasquehal a fournit un agent interprète au service ZERO). Je dois signaler également Joseph VERHERT patron de l'Univers ainsi que sa famille. Le ménage BERAUDIER fleuriste rue de la gare à Roubaix.
J'avais également comme personnes me rendant de grands services EMMA, ALBERT, FRANCOISE qui travaille encore à l'heure actuelle, sans avoir cependant de contact entre eux.
C'est mon frère qui me remplace maintenant et il est en contact avec ALAIN, de façon à ce que tout continue à bien marcher.