Joseph Dubar, une figure Roubaisienne

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Mort d'un héroïque résistant

M. Joseph DUBAR

 

            Un grand résistant est mort : M. Joseph Dubar est décédé, dans la soirée de jeudi, au Centre hospitalier de Roubaix, des suites d'une longue et douloureuse maladie.

            Cette disparition – bien qu'attendue, hélas – jettera la consternation dans tous les milieux patriotiques. Car M. Joseph Dubar fut la véritable incarnation de l'âme de la résistance à l'oppression. Avec un courage lucide, froid, indomptable, il se donna tout entier à son idéal. Souvent les mots, à force d'être employés perdent leur véritable sens, tel celui de héros, par exemple. Mais, pour lui, ce mot a conservé toute sa puissance et toute sa vigueur expressive.

            Car M. Joseph Dubar fut un héros authentique. Sous le pseudonyme de Jean de Roubaix – l'anonymat était plus une nécessité qu'une simple précaution – il entra en campagne dès le mois de juillet 1940. Aidé de son épouse, née Laure Hennion , qui mourut en déportation, il créa de toutes pièces le réseau « Ali-France », qui avait pour mission d'évacuer jusqu'à Marseille les soldats britanniques échappés du massacre de Dunkerque, et les aviateurs alliés tombés en pays occupé et surtout en Belgique. Cent fois, peut-être, il fit le dangereux voyage, passant à travers les mailles d'un filet toujours plus serré. Puis, ayant mené ses « clients » jusqu'au lieu d'embarquement clandestin, il revenait, toujours aussi serein, tout prêt à convoyer une nouvelle fournée d'évadés. Que de subterfuges, que de ruses n'employa-t-il pas pour mener à bien ses expéditions libératrices ? Et combien de combattants a-t-il soustraits ainsi aux stalags et aux oflags ?

            Mais M. Joseph Dubar ne parlait guère de lui. Parfois, en veine de confidence, il racontait un souvenir, une anecdote où, derrière l'enjouement, on discernait pourtant une angoisse perpétuelle ?

            Cher Joseph Dubar, comme nous aimions l'écouter ! Il était simple, discret, sans emphase. Et pourtant, que d'énergie et de valeur ne cachait-il pas sous une apparence anodine ?

            Traqué par la Gestapo sa tête mise à prix, Jean de Roubaix – ou Jean du Nord, comme on l'appelait encore – dut passer en Angleterre. Il n'y resta pas longtemps, juste le temps de s'initier au parachutisme. Il sollicita une nouvelle mission, et il l'obtint… En mai 1944, un homme venu de Londres était parachuté en France. C'était Joseph Dubar. Il monta de toutes pièces un service chargé de la transmission directe des renseignements stratégiques. Et, jusqu'au bout, il mena le bon combat, au milieu des pires difficultés. Puis il rentra dans l'ombre…

            Officier de la Légion d'honneur, titulaire de la «  Distinguished Service Order  », commandeur de l'Ordre de la Couronne de Belgique, décoré de la Croix de guerre belge, M. Joseph Dubar était le neveu d'un autre résistant : Jean-Baptiste Lebas. Il avait le grade de lieutenant-colonel dans les rangs des Forces françaises libres.

            Telle est rapidement brossée, l'histoire de Jean de Roubaix, de ce passeur d'hommes, de ce Roubaisien qui, jusque dans la clandestinité, fit honneur à sa ville natale.

            La paix revenue, il avait fondé un nouveau foyer. Et, à sa femme, et à sa famille, « Nord Eclair » présente l'expression de ses sentiments de condoléance.

La cérémonie de funérailles

            La levée du corps aura lieu lundi, à 14h40, à l'hôpital « La Fraternité ». Le transport au cimetière de Roubaix se fera par fourgon automobile.

            Les personnalités, les délégations et l'assistance se réuniront à partir de 14h45, place Chaptal (les lieux de seront indiqués par des tableaux).

            Les drapeaux de toutes les associations patriotiques se grouperont sur le trottoir du cimetière (côté magasin « A l'Ange gardien »).

            Les groupements qui enverront des fleurs et désirent que celles-ci soient portées durant le convoi dans le cimetière, devront désigner des porteurs qui se présenteront dès 14h30, à l'entrée du cimetière, place Chaptal.

            La cérémonie se déroulera au rond-point de l'avenue Ampère (face au monument à Henri Carrette ). Après les discours, l'assistance défilera devant la catafalque et présentera ses condoléances à la famille.

            La sortie se fera exclusivement par l'avenue Ampère.

            L'inhumation se fera dans l'intimité dans la concession de famille.

Journal Nord-Eclair Novembre 1960

 

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