Joseph Dubar, une figure Roubaisienne

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Historique du réseau ALI

            Lors de l'occupation allemande, de nombreux soldats Anglais étaient restés dans Roubaix et ses environs.

            C'est alors que des hommes qui ne voulaient pas abandonner la lutte contre l'ennemi, certains par pur patriotisme, d'autres par haine du nazisme en plus, se groupèrent et entreprirent d'aider ces soldats en leur fournissant d'abord, nourriture, logement, habillement, papiers d'identité ; un docteur même s'était joint à eux et soignait les malades et les blessés qui ne manquaient pas.

            Ce fut leur évacuation qu'il fallut organiser ensuite, car on ne pouvait les cacher indéfiniment et il fallait qu'ils retournent afin de reprendre le combat que leur pays continuait résolument.

            C'est ainsi que nous avons connu dès le début, les plus valeureux d'entre nous, ceux qui n'ayant jamais désespéré de la Patrie, se rangèrent immédiatement derrière le général De Gaulle en Juin 1940, et que nous nous devons citer :

            Messieurs Lebas, maire de Roubaix et son fils Raymond, Guislain Marcel, Marc Georges, Joly Paul, Delcroix Marcel, Mr et Mme Berrodier , tous d'opinions différentes, mais animés du même idéal. Arrêtés et déportés en Allemagne, combien d'entre eux reverrons nous ?

            Parallèlement à ce travail, nous commençâmes à recueillir tous renseignements utiles que nous remettions au Capitaine Anglais Murshy Plowman , à Marseille, à chacun de nos voyage amenant des Anglais dans cette ville, et cela dura jusqu'en Juillet 1941. La majeure partie de ces renseignements provenait du secteur Ali 99.

            Dans les premiers jours de Janvier 1941, un groupe d'officiers aviateurs belges qui avaient entendu parler de notre organisation de passages prit contact avec nous. Désireux de gagner l'Angleterre ils nous demandèrent de les guider jusqu'à Marseille.

            Un de ceux-ci, le capitaine Vandermies Pierre fut parachuté dans le Nord au début de Juillet 1941 ; il était chargé par les Services Belges à Londres de nous solliciter pour mettre debout un service renseignements en France et un service régulier d'évacuation des courriers vers l'Espagne.

            C'est ainsi que prit naissance notre service, connu d'abord sous le nom de Jean du Nord ou Jean de Roubaix, et appelé ensuite « Ali » en souvenir de notre ami Marc Georges qui le premier avait organisé dans notre région un service de renseignements.

            Tout en conservant l'évacuation des hommes, car les services belges, nous envoyaient depuis quelques mois déjà pas mal d'officiers évadés d'Allemagne, et leurs agents brûlés ; nous avons alors assuré l'acheminement des courriers.

            Ces ainsi qu'a partir d'Août 1941, un courrier groupant tous les réseaux belges, partit chaque semaine de Bruxelles via Tournai, Roubaix, Paris, Tours et Toulouse, ou Lyon, Montpellier et Perpignan.

            Au début, nous les avons porté à différentes reprises à Toulouse, Lyon ou Montpellier, mais par la suite, nous les remettions régulièrement à un agent en zone non occupée près de la démarcation ; un autre service dans cette zone faisait le reste, c'était le réseau Sabot.

            Après le réseau Sabot, ce fut le P.C.B. , Poste Commandement Belge, installé à Lyon puis à Grenoble. Quand son chef Walter, liquida le P.C.B. à Grenoble pour partir à Londres, il créa à Paris en Mars 1943, un P.C.C. , Poste Commandement Courrier, qui eut comme chefs successifs Laurent, Alain et Raoul.

            A partir de ce moment, notre responsabilité prenait fin avec la remise du courrier à Paris.

            En 1942 à la demande de Walter, nous avons aidé à l'installation du réseau Delbo à Paris, dont le chef se nommait Delbo , et qui à remis un courrier par quinzaine.

            Un autre service belge à Paris qui s'appelait «  delpas  » nous a remis également du courrier pendant quelque mois ; il a ensuite disparu.

            En Juillet 1942 à la demande de Londres nous avons participé à l'installation du Réseau Zéro France à Roubaix.

            Ce réseau à pris rapidement de l'extension et nous a remis chaque semaine un important courrier ; son chef Alex, céda la place à Noël en Août 1943.

            L'évacuation des belges pour Londres fut un travail important, la frontière franco-belge étant d'abord à passer, puis successivement la Somme (Zone interdite) et la démarcation vers la zone non occupée.

            Il fallait à chacun des faux papiers, des cartes et tickets de ravitaillement, des maisons et hôtels sans contrôle sur la route afin d'assurer le manger et le coucher dans les meilleures conditions de sécurité.

            Les services belges déclarent que d'après contrôle, 700 personnes au moins sont passées par nos services, avec seulement une pertes d'environ 3% à l'arrivée à Londres.

            Les services belges à Londres, nous avaient demandé également par l'intermédiaire du capitaine Vandermies de recevoir et d'aider tous les parachutés, pour les services installés ou en voie d'installation en Belgique ou en France.

            Les premiers furent parachutés en Octobre 1941 et ce fut chaque fois par deux ou trois que nous les reçûmes.

            Ils venaient suivant la consigne, prendre contact avec nous et après échange du mot de passe, ils nous indiquaient l'endroit où ils avaient caché leur matériel que nous allions chercher sans retard ; nous devions ensuite, munis du matériel, conduire les hommes à leur chef dans la région où ils avaient mission de travailler. Certains sont devenus des chefs de Réseau de renseignements qu'ils ont organisé, d'autres sont restés radio.

            Ce travail n'était pas dépourvu de risques, en raison de l'éloignement parfois grand entre les lieux de parachutage et de travail ; il fut cependant toujours mené à bien et à la satisfaction de tous. Selon les services Belges de Londres, 80% des agents parachutés ont été réceptionnés par le réseau ALI.

            En Mai 1944, après mon retour de Londres, nous avons organisé par voie aérienne l'enlèvement du courrier ainsi que la réception et la répartition du matériel aux différents services. A partir de ce moment tous les courriers furent enlevés par avion.

            Il y a lieu de noter que de tous les courriers acheminés par notre service et dont certains pesaient parfois de 20 à 30 Kg, aucun n'est tombé aux mains de l'ennemi.

            Nous avons à la demande de Londres et par leur intermédiaire, fourni des boîtes aux lettres à quelques Réseaux Français, dans le but d'y prendre leur courrier que nous avions à évacuer par avion.

            Nous ignorons toujours le nom de ces Réseaux.

            En plus de nos activités principales, nous avons à différentes reprises, fourni des renseignements d'ordre militaire.

            A la demande de Londres, nous avons recherché et photographié les emplacements des rampes de lancement et notamment l'ouvrage de la forêt d'Eperlecques, le plus important de ce genre en France.

            Nous reçûmes des félicitations de Londres pour ce travail.

            Notre Réseau a connu des heures critiques et payé un lourd tribut à son activité.

            Le premier « accident » provoqua l'arrestation de trois membres, Messieurs Lebas et son fils, et Mme Dubar mon épouse, tous trois arrêtés à Roubaix le 21 mai 1941.

            Le 9 Octobre 1941, ce fut celle du douanier Duhayon Marcel de Roubaix, suivi quelques mois plus tard de celle d'un autre douanier Marc Georges de Toufflers, le 11 Décembre 1941.

            Le 4 Mai 1942 vint l'arrestation du Docteur Marcel Guislain de Roubaix et celle de Marcel Delcroix à Wattrelos.

            A Chalon sur Saône, ce fut Camille Chevalier, arrêté le 13 Juillet 1942 et fusillé le 18 Août 1942.

            En Belgique, près de la frontière, arrestation de Raymonde Marc le 29 Avril 1943.

            A Roubaix encore, arrestation de Mr et Mme Capette et de leur fils le 26 Mai 1943.

            Enfin dernière arrestation, celle de Madame Lapaire à Tours le 15 Juillet 1944.

            Tous ces agents à l'exception de Camille Chevalier fusillé, sont encore détenus en Allemagne.

            Le Réseau ALI était composé de 5 secteurs en France, 2 dans le Nord, 1 à Paris, 2 à Chalon sur Saône – 1 opérateur radio.

            Son chef « Jean » avait comme adjointe « Carmen ».

            Les secteurs du Nord étaient :            

1) « ALI 99 » avec son chef « Germain »

2) « Croisé » avec chef « Marianne »

                        Le secteur de Paris était :

3) « Paris » avec chef « Madame Pic »

                        Les secteurs de Chalon sur Saône étaient :

4) «  Barat  » avec chef «  Morisse  »

5) «  S.N.C.F.  » avec chef « Roland ».

            L'ensemble groupe environ 130 agents, chiffre auquel vient s'ajouter un certain nombre d'agents inconnus, que nous ne connaîtrons qu'après le retour des déportés.

            Ainsi se trouve relaté brièvement, l'historique du Réseau « Ali »

Joseph Dubar

 

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