Archives / Articles de journaux / Rues de Roubaix _ Rue Joseph Dubar - Journal Nord-Eclair du 31 Mars et du 18 Avril 1996
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Rues de Roubaix
La ville au fil de ses rues
La rue Joseph Dubar commence avenue du Président Coty pour se terminer avenue du Docteur Calmette sur le territoire d'Hem.
C'est une large artère percée vers 1960 sur les terres de la censé des Hauts Champs. Elle fut tracée à l'initiative de la Société anonyme roubaisienne d'habitations ouvrières qui y construisit sur le côté pair un ensemble d'immeubles collectifs de forme cubique, résolument modernes, entourés d'espaces verts et auxquels Logicil a donné le nom de groupe du « Chemin Vert » par allusion à l'ancien chemin de ce nom qui partait de la Justice à la limite de Lys-lez-Lannoy et de Roubaix et se perdait à travers champs.
A côté de ces bâtiments, se trouve l'école maternelle Pierre-Brossolette qui s'étend le long de la rue Pranard toute proche.
Le côté impair est entièrement occupé par les imposants bâtiments et les terrains de l'Ecole nationale de police édifiés à l'emplacement des « Longchamps ».
La dimension des immeubles d'habitation et des édifices administratifs donne à cette avenue un aspect futuriste que n'aurait pas renié le grand résistant Joseph Dubar auquel le conseil municipal l'a dédiée. Déplorons seulement que, sauf erreur, aucune plaque n'indique le nom de la rue pour rappeler le souvenir de ce grand Roubaisien.
Les Flâneurs
Qui était Joseph Dubar ?
Joseph Dubar fut l'un des premiers résistants de la guerre 1939-1945.
Dès juillet 1940, il organisa une filière pour évacuer dans le sud de la France non occupée les soldats britanniques échappés du massacre de Dunkerque et les aviateurs des armées alliées tombés en Belgique ou dans le Nord.
Malgré les périls encourus, aidé par son épouse Laure Hennion , il emmenait vers Marseille, pour y être embarqués clandestinement, les militaires récupérés par le réseau qu'il avait constitué.
Après avoir mené ces « évadés » à bon port, il revenait dans le Nord prêt pour un nouveau voyage, mais les dangers étaient de plus en plus grands et peu à peu les filets de la Gestapo se resserraient autour de lui à tel point que se sentant traqué de toutes parts, il décida de passer en Angleterre.
Mais Joseph Dubar ne concevait pas de ne plus participer à la lutte pour la liberté. Il se forma au parachutisme, sollicita une mission sur le sol de la patrie et en 1944 il fut parachuté en France où il monta un service de renseignements qui rendit les plus grands services aux armées alliées lors du débarquement en juin.
Il opérait sous le pseudonyme de Jean de Roubaix ou de Jean du Nord.
Son épouse, qui était restée en France avait été arrêtée, déportée et périt malheureusement dans les camps de la mort.
Joseph Dubar qui avait le grade de lieutenant-colonel dans les rangs des Forces françaises libres était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre de la couronne de Belgique, titulaire du Distinguished service order et décoré de la Croix de guerre belge.
Il était neveu de Jean-Baptiste Lebas, maire de Roubaix, mort en déportation.
Il mourut à Roubaix le 4 novembre 1960, ses funérailles célébrées le 7 novembre rassemblèrent une foule considérable parmi laquelle un nombre important de personnalités des milieux de la résistance de l'armée et de la politique.
Journal Nord-Eclair du 31 Mars 1996
A propos de Joseph Dubar
Dans une récente chronique dominicale consacrée aux rues de Roubaix, nous avons présenté la rue Joseph Dubar. Frère cadet de ce grand résistant et témoin direct de son épopée, M. Georges Dubar, domicilié square Palissy à Roubaix nous a adressé quelques éléments d'informations.
« Bien que fortement traqué, mon frère a refusé à maintes reprises de partir pour Londres. Il considérait sa présence sur le sol français plus utile pour poursuivre son activité d'espionnage démarrée en juillet 1940 malgré tous les risques que cela comportait » écrit Georges Dubar.
Il poursuit : « Ses chefs à Londres l'ont finalement décidé de partir lui faisant miroiter un rôle très important qu'il pourrait jouer lors d'un prochain débarquement allié après une formation spéciale en Angleterre. C'est ainsi qu'après un départ infructueux à bord d'un avion venu le chercher dans les Deux Sèvres (appareil enlisé puis détruit par le feu) il partit avec succès en décembre 1943 ».
« En mai 1944, il fut à nouveau déposé par avion en France dans l'ouest. Mais il ne fut jamais parachuté. Sa mission préparée en secret en Grande-Bretagne ne fut pas amplement exploitée, les alliés après avoir rencontré beaucoup de difficultés en Normandie, envahirent plus rapidement que prévu le reste du pays », conclut M. Dubar.
Journal Nord-Eclair du 18 Avril 1996
Nous pouvons également ajouter qu'aujourd'hui, une plaque indique le nom de la rue Joseph Dubar.