Joseph Dubar, une figure Roubaisienne

Archives / Articles de journaux / Joseph Dubar Héros méconnu - Journal Nord-Eclair du 1er Novembre 2003

Une rue de Roubaix porte son nom

Joseph Dubar, héros méconnu

Il y a 43 ans, disparaissait l'une des figures les plus marquantes de la Résistance à Roubaix. Activement recherché par la Gestapo, Joseph Dubar a fait passer en Espagne nombre de parachutistes et également contribué à renseigner efficacement les troupes alliées. Francis Bohée raconte.

Le 3 novembre 1960 nous quittait un grand patriote, un grand résistant, Joseph Dubar, dit « Jean de Roubaix » ou « Jean du Nord ». C'est lui qui fonda en juin 1940 le réseau Caviar qui prit le nom d'Ali France à l'arrestation en décembre 1940 du douanier Georges Marc alias « Ali ». Le réseau travaillait pour la sûreté de l'Etat belge à Londres, sa mission étant l'évacuation des soldats belges ou anglais vers la France non occupée.

L'Etat Major du réseau étant à Roubaix, la ligne d'évacuation pour les hommes qui cherchaient à rejoindre Londres pour reprendre le combat passait par la Festingues , un lieu dit entre Toufflers et Templeuve Belgique, puis Roubaix. A l'endroit de la frontière, un monument est élevé à la gloire des passeurs.

La zone interdite était passée à Abbeville puis la ligne de démarcation aux abords de Chalon-sur-Saône. Joseph Dubar fit à maintes reprises le trajet, convoyant chaque fois plusieurs hommes désireux de rejoindre l'Angleterre. Des passeurs effectuaient également ce travail tels M. Vandekerkhove , qui prenait en charge le groupe jusqu'à Abbeville, ou l'abbé Carpentier qui se chargeait ensuite de faire passer la ligne de démarcation entre la zone interdite et la zone occupée. Pendant les quatre années de guerre 700 hommes officiellement contrôlés passèrent la frontière belge, 3% n'arrivèrent pas à Londres.

L'épouse de Joseph Dubar, Laure fut arrêtée le 21 mai 1941 ainsi que son oncle, un certain Jean Lebas, et son cousin Raymond Lebas. Ils furent tous trois déportés en Allemagne, on ne les revit jamais.

Courrier secret

Joseph Dubar et ses deux collaborateurs, Paul Joly et le Dr Marcel Guislain, avaient pour point de rencontre le café de « l'Univers », chez Joseph Verbeer , situé sur la Grand Place de Roubaix (à l'emplacement de la bijouterie Bousquet). C'était en quelque sorte le siège de leur association, et ce dès 1940. C'est là où se trouvait le point de contact de tous les agents partant et revenant de mission, c'était l'aboutissement de la première étape Bruxelles-Roubaix , là où la Wattrelosienne Jeanne Huyge , sage-femme à l'hôpital, venait chercher les ordres pour ses différentes missions. Le café de l'Univers servit également de boîte aux lettres de janvier 1941 à janvier 1943.

Se sentant repéré, l'Univers arrêta son activité et ordre fut donné de ne plus s'y rendre.

En juillet 1941, Joseph Dubar rencontra le capitaine belge Vandermies , qui faisait partie du premier groupe que le résistant roubaisien convoya jusqu'à la frontière belge arrivait de Londres pour demander à « Jean de Roubaix » de s'occuper de l'évacuation du courrier de Bruxelles.

Ce courrier contenait les renseignements des différents réseaux belges installés en France, Hollande et Luxembourg. Il était acheminé jusqu'à Lyon remis à « Georges » Orcel du réseau « Sabot ». C'est là où nous retrouvons une autre Wattrelosienne, Madeleine Bény , qui travaillait pour ce réseau (dès 1941, elle avait dû quitter Wattrelos étant recherchée par les Allemands). Elle avait entre autres la charge de transporter ce courrier liaison Lyon-Chalon et de missions spéciales à Paris, le courrier étant porté à l'ambassade américaine et acheminé par la valise diplomatique.

Il y avait à cette époque une interpénétration des résistants dans les différents réseaux, ceci au détriment de la sécurité, d'où d'importantes arrestations dans le secteur de Roubaix. Joseph Dubar passa toujours à travers les mailles du filet. Parmi tous les courriers qui furent transportés par « Ali France » aucun ne tomba aux mains de l'ennemi.

Le bombardement d' Eperlecques

Autre travail qui fut demandé à Joseph Dubar par Londres : détecter l'emplacement des rampes de lancement ennemies, notamment le blockhaus d' Eperlecques qui devait lancer la terrible arme que préparaient les ingénieurs d'Hitler, le V2 appelé à détruire Londres.

Joseph Dubar demanda à son ami d'enfance René Fonson de se faire embaucher sur le chantier. Sa mission : regarder, écouter, rapporter des photos du blockhaus. Ce qu'il fit en juin, juillet et août 1943. Les deux résistants envoyèrent les clichés à Londres, et le 27 août 1943, le bunker était bombardé et en grande partie détruit. Les deux amis d'enfance ont-ils fait basculer le sort de la guerre ?

Francis Bohée

Sources : notes personnelles de Joseph Dubar contenues dans le dossier réseau « Ali France ».

Note de M. Bohée . – « Je tiens à remercier particulièrement M. et Mme Georges Dubar (le frère cadet de Joseph). Je les ai rencontrés une première fois en 2002, puis le 5 mai 2003 chez eux à 14h précises. Pour rien au monde je ne serais arrivé en retard. C'est par leur intermédiaire que je fis connaissance d'Ali France et de son prestigieux chef, Joseph Dubar, l'homme le plus recherché par la Gestapo dont la tête était mise à prix. S'il en est sorti vivant ce n'est pas faute d'avoir donné, mais son habileté, son intuition également la chance ont eu raison de tous les traquenards qui lui furent tendus. Il a laissé au point de vue documents un héritage considérable ».

Journal Nord-Eclair du 1 Novembre 2003

 

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